Etude fort instructive qui permet de mettre des chiffres précis derrière un thème polémique, le cabotage. Et d'apprendre, au passage, que sur ce sujet, la France, apparaît bien comme perdante. En effet, les pavillons européens cabotent six fois plus que le pavillon français ne cabote dans le reste de l'Europe. La France n'est que le cinquième caboteur européen, derrière les trois pays du Benelux et l'Allemagne. Mais une fois cette vérité assumée, plusieurs surprises apparaissent en filigrane. D'abord, le cabotage ne représente qu'une part infime des trafics nationaux : 1,5 % en France. Certes, la croissance des trafics en cabotage croît vite (entre 10 et 15% par an). Mais nous sommes encore loin de la horde des « transporteurs étrangers » qui viennent concurrencer le transport national. Ensuite, l'Espagne, n'en déplaise à de nombreux transporteurs du Sud-Ouest et du Sud-Est, n'est pas l'empêcheur de transporter en rond. Oui, les Espagnols cabotent plus en France que les Français ne cabotent en Espagne. Mais le rapport n'est que de un à deux et surtout, en terme de chiffres globaux, les transporteurs espagnols sont globalement moins « caboteurs » que nous et que les pays du nord. Troisième surprise : le Luxembourg cabote autant que la Belgique et l'Allemagne et deux fois plus que l'Espagne. Triste constat qui met en exergue le phénomène de délocalisation des entreprises. Car, à ce niveau là, nul doute que de nombreux caboteurs luxembourgeois sont avant tout d'origine française. Auquel cas, cette concurrence « étrangère » ressemble fort à une concurrence franco-française déguisée. Enfin, quatrième et dernière réalité : ce sont les Pays-Bas qui ont tiré le plus grand profit de la libéralisation du transport routier en Europe. Les transporteurs néerlandais, bénéficiant de l'attrait du port de Rotterdam et d'une culture internationale ancestrale, sont aujourd'hui ceux qui sortent le plus de leurs frontières. C'est également dans ce pays que l'on trouve le niveau de concentration et de maturation le plus élevé, avec des entreprises dont la taille moyenne atteint les 12 salariés (contre 8 en France et un peu plus de 2 en Espagne). Le danger vient donc bien du froid et non du soleil ...
Editorial