Pourtant, ce qui se trame actuellement en Allemagne avec la mise en place de la Lkw-Maut constitue en soi une véritable petite révolution (voir notre événement), qui pourrait bien rejaillir à terme sur l'ensemble du transport routier français et européen. Avec beaucoup d'audace et de ténacité, les Allemands sont en effet les premiers à mettre en application l'un des thèmes chers au livre blanc européen sur les transports, à savoir la taxation du transport routier pour financer les autres modes de transport. Nul doute que la Lkw-Maut va mettre plusieurs mois à se roder, avec des hauts et des bas. Personne ne sait vraiment comment tout cela fonctionnera et l'usine à gaz électronique et organisationnel qui a été mise sur pied prendra plusieurs mois avant de trouver ses marques. Mais il est probable et certain que les autorités allemandes ne reculeront pas. Et il ne faut pas se faire d'illusion : l'initiative fera des petits. En Allemagne, tout d'abord où les autorités ont annoncé que si les transporteurs avaient l'intention de se détourner des voies actuellement concernées (autoroutes et périphériques), il étendrait la procédure au réseau secondaire. Mais ce nouveau mode de taxation fait également des émules en France, y compris au plus haut niveau de l'État. Il n'est pas besoin d'être un ponte en communication politique pour savoir que la mesure sera populaire (n'importe quel quidam se réjouira de ce raccourci simpliste selon lequel le camion doit payer pour aider le chemin de fer). L'État étant actuellement en mal de recettes, il aurait bien tort de se priver d'un tel potentiel. Et c'est évidemment là que l'injustice devient flagrante. Loin de servir au financement des modes alternatifs, une telle taxe ne servira donc qu'à renflouer les déficits croissants de la puissance publique. Et la défense de l'environnement, dans tout çà ?
Editorial
