Tenus tout récemment dans le cadre de son projet de loi « relatif à la formation tout au long de sa vie et au dialogue social », les propos d'Alain Fillon, ministre des Affaires sociales, ont eu un certain écho. Voilà, en effet, venu le temps de revoir, selon notre ministre, le dispositif des 35 heures (sans abroger les lois Aubry par une... nouvelle loi) et surtout de redonner du sens au dialogue social. Laisser aux branches, voire aux entreprises, le soin de négocier et leur donner encore plus d'espaces de discussion sonnent bien. En théorie, la proposition est incontestable. En pratique, il faudra voir... Dans le secteur du TRM, le tutelle de l'Etat a souvent laissé peu de place à la négociation paritaire sur les grandes questions. Les commissions de conciliation, réunissant organisations patronales et syndicales, ont pourtant un rôle majeur mais les récents remous au sein de la division transport de la CFDT ne sont pas un avantage. De plus, les syndicats de salariés se font plus prudents dans la conjoncture économique actuelle difficile. Or le volet social est aujourd'hui au coeur de la problématique du transport routier. Certaines organisations professionnelles le voient comme un « boulet », après les rattrapages qui ont eu lieu ces dernières années, depuis le Contrat de progrès. Quelle image ! Dans le cadre concurrentiel de l'Europe libéralisée et de l'élargissement européen, le cas français, qui vise l'harmonisation par le haut, est en situation difficile. Les transporteurs ont souvent stigmatisé ces dangers : la trop grande rigidité de la réglementation sociale et leur empilage. La conséquence est aujourd'hui une augmentation du nombre de défaillances d'entreprises et un nombre de chauffeurs salariés en repli.
Editorial