La plupart des entreprises ont eu à préparer leur budget 2004 sans vraies balises. L'exercice est périlleux car au dire de beaucoup d'acteurs du TRM, du transporteur au distributeur de véhicules industriels, en passant par les sociétés de financement, la prochaine année semble difficile à appréhender. L'expression « manque de visibilité » est le leitmotiv de cette fin d'année. Elle se nourrit d'abord de la réalité économique de ce second semestre 2003 qui voit les trafics baisser, les prix se tasser, les investissements reculer et les trésoreries se dégrader... Un coup d'oeil sur les « tendances » éditées par le CNR dans son Cahier mensuel suffit à le rappeler. La seule « tendance » en hausse concerne, selon le CNR, les... délais de paiement. L'incertitude dans notre secteur est amplifiée par trois « chantiers », à plus ou moins longues échéances, aux conséquences directes pour le TRM. 1/ Le projet de loi de décentralisation, actuellement en discussion au Parlement, laisse planer la perspective d'autoriser les départements à mettre en place des péages sur des routes nationales, express et autoroutes non concédées (entre 15000 et 20000 km). Le dossier, à forte odeur fiscal, mérite toute l'attention du monde du transport routier. 2/ Le projet de loi Fillon, qui veut réformer le dialogue social, donnera-t-il une plus grande flexibilité aux entreprises dans la gestion des ressources humaines et quelques souplesses d'action ? Là encore, rien n'est très bien déterminé ou clairement énoncé. 3/ L'Union européenne, en ayant concédé un dispositif de dérogation dans sa directive « énergies », laisse aux pouvoirs publics français le choix de maintenir la ristourne sur le carburant utilitaire jusqu'à la fin de 2004. Mais que fera le gouvernement après cette date ? Mystère... Faute de points de repère stables, le climat économique obligera les entreprises à augmenter leurs capacités d'adaptation, sur des cycles de plus en plus courts.
Editorial