Préfèrent-ils mettre en avant la qualité, le service, la confiance et faire passer les considérations de prix au second plan ? Où sont-ils capables de revenir à leurs anciens démons ? La manifestation Top Transport qui s'est tenue cette semaine à Marseille, sur le principe de la rencontre chargeurs-transporteurs, a malheureusement été lourde de signification, avec le retour de comportements que l'on croyait dépassés. Alors même que les transporteurs argumentent sur les hausses de coût, le travail de nuit, la réduction du temps de travail, et la hausse du prix du gazole, nombre d'acheteurs transport, qui ne contestent pas les faits, ont choisi de faire la sourde oreille, s'abritant derrière le sacro-saint « nous sommes dans une logique de réduction des coûts et les coûts de transport doivent baisser, comme les autres ». Ils ont évidemment beau jeu d'abattre ce type d'argument. Car comme toujours, ils trouvent en face d'eux quelques irresponsables capables d'accepter des baisses de prix de 20% et même plus. Mais à ce petit jeu, tout le monde est perdant. Si les transporteurs décident de repartir dans une stratégie déflationniste, ils le paieront au prix fort. Les sources de productivité sont de plus en plus rares, à moins de tomber dans des comportements se situant aux frontières de la légalité. La compétition internationale est largement ouverte et rien n'interdit plus à un transporteur portugais ou luxembourgeois de venir prendre des parts de marché à n'importe quel prix. Les chargeurs sont de plus en plus tentés par ce type d'offres. Ils savent accesoirement qu'ils y perdront un peu en qualité de service. Mais leur holding financière est tellement heureuse de voir se reconstituer sa marge qu'elle en oublie le moyen terme. Un moyen terme que l'on ose imaginer quand on pense à ce qui est arrivé à la marine marchande française. Les chargeurs ont-ils vraiment intérêt à nous préparer un tel avenir ?
Editorial
