Un conflit social en fin d'année serait intolérable, a prévenu Dominique Bussereau, le 10 novembre. Il est bien temps de s'en affoler. Dès l'été, la CFDT préparait le terrain. A la rentrée, elle lançait ses premiers appels à la mobilisation. Ce syndicat « n'a rien d'un "va-t-en guerre " », affirmait pourtant le secrétaire d'Etat aux Transports le 29 octobre. Deux jours plus tard, avec l'échec des discussions salariales, l'offensive s'organisait. L'intersyndicale CGT-CFDT tentait d'étoffer ses troupes en appelant à l'union sacrée contre le patronat. Une opération qui pourrait, en définitive, lui assurer Force Ouvrière comme allié. Le 6 novembre, c'était carrément un ultimatum qui était lancé aux employeurs. Ce missile a raté sa cible : les représentants patronaux campent toujours sur leurs positions. Les syndicats de salariés aussi. La guerre de tranchée s'installe à coups de communiqués. Et les roulements de tambour, qui se rapprochent, réveillent en sursaut les pouvoirs publics. Lesquels proposent leurs bons offices pour calmer les hostilités. « Le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter le dialogue entre les syndicats de salariés et patronaux » assure maintenant Dominique Bussereau. Un discours qui n'engage en rien un ministère qui se garde bien de préciser en quoi et comment il pourrait se rendre utile. Aucune nouvelle réunion de la commission paritaire n'est en effet programmée. Et le président de cette instance - le « Monsieur social » de la Direction des transports terrestres - ne semble pas déterminé à imposer une rencontre. Et c'est sans doute mieux ainsi. Il n'est qu'à se rappeler les dégâts lorsque certains représentants de l'Etat ont jugé nécessaire de s'immiscer dans les négociations paritaires ... ou de sortir l'artillerie lourde contre des barrages routiers. Si le ministre souhaite vraiment intervenir, d'autres terrains d'action lui sont ouverts. Sur la manière d'alléger les charges sociales des entreprises, par exemple, les transporteurs pourraient lui fournir quelques armes.
Editorial