Peut-être au contraire que les ultimes négociations, qui se sont déroulées entre mercredi et vendredi auront permis d'apaiser la situation. En tout état de cause, l'effet recherché par les syndicats de chauffeurs aura porté ses fruits : le dossier central des négociations salariales dans le transport routier, empêtré dans des considérations techniques depuis plusieurs années, aura trouvé un souffle médiatique, dans une cacophonie invraisemblable. Car le gouvernement, c'est un classique du genre, n'aura pu s'empêcher de jouer les trublions, soufflant le chaud et le froid. Les propos de MM Bussereau et De Robien sont allés dans tous les sens. Le premier ministre lui-même est monté au créneau, sur le thème du « oui aux revendications légitimes, mais attention aux comptes d'exploitation des PME ». Une façon de ne rien dire. Mais l'objectif n'était pas là. Jean-Pierre Raffarin n'a pas voulu commettre l'erreur de son prédécesseur, Lionel Jospin, qui avait tardé à s'exprimer lors du dernier conflit de 2000 et qui avait enregistré le mois suivant une dégringolade de sa cote de popularité. De même, Ernest-Antoine Sellière a choisi de s'exprimer avant plutôt que pendant, rappelant un principe de base : « je respecte le droit à la grève, mais bloquer la France, c'est complètement illégal». Il n'est cependant pas sûr qu'à terme, ces prises de positions intempestives soit de nature à rassurer. Les syndicats savent dorénavant qu'à chaque fois qu'ils pointeront le début du commencement d'une menace de blocage, ils auront toutes les armes pour faire monter la pression et dévoyer le sens même des négociations paritaires. Il reste cependant à espérer que l'issue du conflit ne ressemble pas à celle des conflits précédents, obligeant les transporteurs à appliquer des mesures qui les fragiliseront davantage.
Editorial