Car si personne ne conteste la pertinence des choix retenus en matière de transport de voyageurs, la stratégie de la SNCF en ce qui concerne la gestion du fret désole tout le monde. Les trafics de Fret SNCF stagnent et sont revenus à leurs niveaux des années soixante-dix. Le combiné est en panne et la plupart des opérateurs s'accordent à reconnaître que l'élan qu'avait impulsé la CNC à la fin des années quatre-vingt dix est retombé comme un soufflet. Les transporteurs sont de plus en plus nombreux à vendre leurs caisses mobiles. Le secrétaire d'Etat, Dominique Bussereau, a mandaté un expert pour analyser le système Modalhor. Lequel a conclu sur le bienfait des choix techniques, mais émis des doutes sur la réussite commerciale. Un représentant d'une organisation professionnelle confessait même récemment : « connaissez vous encore un transporteur qui a envie de faire du combiné ? ». Sans oublier au coeur de tout cela, le Sernam. Alors que tout le monde prévoyait l'arrivée en force du groupe Geodis dans le capital, c'est un autre scénario qui est en train de se dessiner. Pierre Blayau reste très prudent vis-à-vis du dossier et renvoie à 2005 toute décision précise. Et la semaine dernière, à la surprise générale, Cogip, qui détient BM Virolle, ancienne filiale de Geodis, décide de prendre 15% du capital du Sernam. Pour pousser Geodis dedans ou dehors ? Pour amadouer Bruxelles ? Personne n'a la réponse. Alors oui, il est temps que le patron de la SNCF prenne à bras le corps tous ces dossiers pour définir une stratégie précise. Il faut aussi qu'il soit capable de maintenir le cap. La lettre de mission qui sera adressée au futur P-dg (Louis Gallois ou un autre) sera instructive.
Editorial