Olivier Poncelet (TLF) : "il est important que toutes les conditions soient réunies pour l'arrivée du nouveau président de TLF"

Olivier Poncelet, délégué général de l'Union-TLF

Crédit photo Union TLF
Alors que le 2e mandat d'Éric Hémar à la présidence de l'Union-TLF s'achève dans un mois, l'organisation patronale se prépare à accueillir son successeur. La candidature de Jean-Thomas Schmitt, CEO du groupe Heppner, sera soumise au vote du Conseil d'administration le 12 mars. Les priorités à suivre pour le nouveau président ne manqueront pas, souligne Olivier Poncelet, délégué général de l'Union-TLF. 

Quels sont les sujets qui mobilisent TLF en ce début d’année ?

Tout d’abord, le contexte économique, entre baisse d’activité et hausse des coûts pour nos entreprises, constitue la priorité pour TLF. Le niveau de défaillances est inédit depuis 30 ans et, en 2023, pour la première fois depuis 10 ans, l’emploi a baissé dans le secteur. La première des attentes de nos adhérents est que l’on soit un relais vis-à-vis des pouvoirs publics. Nous leur disons de faire attention à ce qui se passe dans notre secteur, qui est essentiel. Les entreprises du transport et de la logistique seront en effet indispensables quand l’activité repartira. Il ne faut donc pas s’amputer de capacité de reprise.
Les projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS), qui nous ont occupés fin 2024 mais aussi en ce début 2025, nous mobilisent fortement compte tenu des folies fiscales et de feux d’artifice de taxes diverses et variées qui étaient annoncés lors des débats. Nous sommes montés très fortement au créneau tant au niveau de nos délégations régionales, au plan national et avec nos partenaires. Il était par exemple question de faire évoluer le remboursement partiel de la TICPE ou de taxer les entrepôts. On a réussi à éviter au secteur des taxes qui auraient été extrêmement dommageables. En dernière ligne droite, nous sommes attentifs à l’évolution des allègements de charge, notamment pour la DFS (déduction forfaitaire spécifique).
À cela s’ajoutent des mouvements sociaux dans les ports qui continuent d’affecter fortement une partie de nos adhérents qui ont des activités portuaires. Nous avons tiré la sonnette d’alarme. Nous avons besoin de ports résilients. Ils sont des portes d’entrée et de sortie des marchandises en France et doivent être un atout pour notre chaîne logistique.

TLF va élire un nouveau président en 2025 puisqu’Éric Hémar avait annoncé qu’il n’irait pas au-delà de deux mandats. Quelles seront les priorités pour son successeur ?

Le conseil d’administration de l’Union-TLF élira le nouveau président le 12 mars. À ce jour, nous avons reçu une candidature : il s’agit de Jean-Thomas Schmitt, CEO du groupe Heppner, qui a annoncé sa candidature au Conseil d’administration de décembre. Il était important pour Éric Hémar et l’ensemble des membres de la gouvernance que l’ensemble des conditions soient réunies pour que cette passation se passe au mieux. C’est le cas aujourd’hui. Ce sera au Président de présenter sa feuille de route avec les autres membres de l’équipe de la gouvernance. Elle aura vocation à poursuivre et amplifier les actions de l’Union TLF sur ses trois missions principales : le service aux adhérents, la défense des intérêts collectifs de la profession mais aussi le développement de l’attractivité des métiers et le dialogue social pour adapter la convention collective avec nos partenaires de la branche.

Comment TLF se compose-t-elle ?

90% des adhérents sont des TPE et PME et nous regroupons également la très grande majorité des 50 plus grandes entreprises du secteur. Cette composition nous permet d’avoir un regard complet sur les différentes typologies d’adhérents, qui n’ont pas toujours les mêmes attentes mais qui contribuent tous au bon fonctionnement essentiel de cette chaîne logistique. TLF est en forte dynamique de croissance au niveau de la représentativité patronale. C’est le fruit d’une grande fidélité de nos adhérents et d’un collectif engagé, avec des présidents de région, de commission et des membres du conseil d’administration impliqués. Ce sont eux qui fixent le cap de la fédération et, grâce à eux, nous pouvons renforcer les compétences de l’équipes pour répondre aux attentes des adhérents, y compris dans des contextes de crise.

Alors que le contexte économique est peu propice aux investissements, comment vous positionnez-vous par rapport aux objectifs en matière de transition énergétique ?

Le contexte économique ne facilite pas les investissements dans la transition énergétique. Elle représente des coûts importants pour les entreprises. L’Union-TLF défend l’idée qu’il faut toutefois garder le cap malgré ces difficultés. Si le cap est réaliste, fixe et clair, on y arrivera, même s’il est ambitieux. En revanche, si les calendriers ou les leviers sont incertains ou irréalisables, il y aura un fort risque d’attentisme devant l’incertitude. En travaillant avec l’administration fiscale, nous sommes parvenus à rectifier dans le budget 2025 une évolution du dispositif du suramortissement, dont l’enveloppe avait été réduite. Les capacités de soutien sont donc maintenues. Nous avons aussi travaillé pour transformer le système d’aide de subvention directe pour l’acquisition de véhicules électriques dans des fiches standardisées Certificats d’économie d’énergie (CEE). Et nous accompagnons les adhérents pour qu’ils s’approprient ces outils.

L’Union-TLF est en train de déployer sa présence au niveau de l’Europe. Pouvez-vous préciser votre stratégie ?

Nous sommes actuellement présents au niveau de l’Union européenne à travers un certain nombre d’organes mais nous avons besoin d’une meilleure représentation des intérêts de nos adhérents au sein des instances européennes, notamment sur la question de la transition énergétique. Nous avons dans ce sens procédé au recrutement d’une responsable des affaires européennes fin 2024. Nos principales préoccupations sont l’harmonisation des règles entre les pays européens, pour éviter le phénomène de concurrence déloyale, et une simplification drastique des procédures. Notre but n’est pas de remettre en cause les dispositifs de reportings ou d’enjeux environnementaux et sociétaux, mais d’appuyer pour qu’ils soient plus efficients, réalistes et pragmatiques pour nos entreprises.

Le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot, a indiqué le 5 février qu’il ne fermait pas totalement la porte à la possibilité d’une introduction des éco-combis . Pensez-vous que le dialogue pourrait reprendre sur le sujet ?

La massification permet de concilier la compétitivité économique et la performance environnementale. Ouvrir la possibilité d’une plus grande capacité pour les véhicules nous apparaît intéressante. Il faudrait a minima se mettre autour d’une table pour voir les conditions dans lesquelles des véhicules à plus forte capacité pourraient se développer. Nous avons été effarés du caractère dogmatique du débat public puisque sans même avoir le début de connaissance sur ce sujet, des décideurs ont fermé la porte. Nous demandons juste qu’ils considèrent les arguments pour le développement de ces véhicules, comme la complémentarité des modes de transport. En effet, des véhicules de plus forte dimension permettent d’avoir un report modal adapté sur le ferroviaire ou le fluvial. Il ne faut pas oublier aussi le 44t transfrontalier dont l’interdiction provoque des situations ubuesques : on peut rouler en 44t en France et en Belgique, mais on ne peut pas traverser la frontière…

Quel regard portez-vous sur l’intelligence artificielle pour le secteur et comment Union-TLF accompagne-t-elle les adhérents à se l’approprier ?

Le secteur du transport et de la logistique innove, ce qui n’est pas toujours visible auprès du grand public. En voyant les camions, on n’imagine pas toute l’innovation derrière. Et l’intelligence artificielle en est une illustration car elle a une vraie pertinence dans notre domaine. Par exemple, elle permet une forme de prédictibilité en optimisant le plan de transport par l’analyse de plusieurs données, comme le trafic, la météo. Elle apparaît aussi dans la gestion des stocks : on peut anticiper les évolutions de la demande, en se basant sur les historiques de vente. À chaque fois c’est autant de gain et d’efficience pour le secteur. Ce genre de sujet est abordé dans les webinars que nous proposons aux adhérents pour les accompagner.

 

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