Quatre milliards de francs, c'est la somme dont dispose La Poste française pour investir en 1999. Quatre milliards, ce n'est rien quand la cause à défendre est noble : donner à l'opérateur national la place qu'il mérite en Europe et protéger la France de l'invasion d'opérateurs étrangers. Quatre milliards, c'est insuffisant pour devenir un géant de la messagerie européenne. Faute de pouvoir acheter, La Poste devra se contenter de nouer des alliances.
Quatre milliards, c'est ridicule comparés aux 15 milliards dépensés par la Deutsche Post (DP) en neuf mois pour acquérir 25 % du capital de DHL, la moitié du britannique Securicor, plus de 60 % de Ducros Services Rapides et au moins 80 % du groupe Danzas.
Quatre milliards, c'est dérisoire par rapport aux 8,2 milliards de francs qu'a versés la poste néerlandaise pour s'offrir TNT fin 1996 et aux 2 milliards de francs que vient de lui coûter Jet Services (2 MdF de chiffre d'affaires).
Quatre milliards, c'est beaucoup pour une entreprise déficitaire de 1,7 MdF en 1996 comme en 1995 et tout juste revenue à l'équilibre l'année dernière.
Quatre milliards, c'est énorme lorsqu'il s'agit de fonds publics. L'Etat puise chaque année dans ses caisses pour compenser l'absence de capacité d'autofinancement de La Poste. Il lui a même accordé cette année 300 millions de francs de plus qu'en 1998.
Quatre milliards, ce n'est rien par rapport à ce que coûtera à terme la course au chiffre d'affaires dans laquelle se sont lancées les postes européennes.
Car qui peut raisonnablement croire que celles-ci feront l'économie de restructurations ? N'est-il pas illusoire d'espérer, comme DP, qu'en plaçant le groupe Danzas dans la case « Logistique » et Ducros Service Rapides dans la case « Express », les deux réseaux ne se concurrenceront plus en France ?