Faire aboutir la directive sur le temps de travail, réviser le règlement 38-20, définir des objectifs de formation obligatoires pour tous les conducteurs routiers européens, boucher les trous réglementaires sur l'emploi des conducteurs des pays tiers, harmoniser les normes de contrôle entre les Quinze, le paquet social « un peu consistant » que la France veut faire passer à la faveur de sa présidence de l'Union européenne relève du colis volumineux.
L'expéditeur : un ministère des Transports français décidé à donner corps à des déclarations d'intention qui n'ont débouché sur aucun résultat concret depuis cinq ans. Les destinataires : des partenaires communautaires un peu lassés de l'obsession française d'exporter sa vertu sociale. Des aléas risquent donc de retarder le bon déroulement de l'opération. La révision du règlement social - faut-il allonger les temps de repos ou réduire ceux de conduite ? - donnera certainement lieu à quelques passes d'armes avec les syndicats de salariés. La proposition hexagonale de généraliser ses obligations de formation des conducteurs risque un accueil frisquet. Quant au projet de directive, il n'est pas entièrement finalisé à ce jour : la définition même du temps de travail divise toujours les Etats-membres. Bref, l'arrivée dans les délais - au 31 décembre 2000 - n'est pas garantie. Aussi, en messager zélé, le ministère français s'est-il aménagé un accord de partenariat avec la Suède, son successeur à la tête de l'Union. Lequel devrait prendre la relève sur la base de consensus dégagés sous présidence tricolore. Ambitieux dans leur volonté de lutter contre toutes les formes de dumping et de distorsions de concurrence au plan social, les pouvoirs publics ont bien chargé la barque. Parviendront-ils à acheminer, sans trop de casse, leur fragile chargement ?