Le transport léger et le véhicule utilitaire sont-ils promis à un bel avenir dans le transport routier de marchandises BtoB, historiquement calibré par le maxi-code de 40 tonnes et plus ?
La question vaut son pesant de céphalées à l’heure où les « mini-trucks » roulant à 110 km/h, non munis de chronotachygraphe et chargeant des palettes, se démultiplient sur les trajets en zone longue. Visibles sur les parkings, aux abords des points de chargements et sur la file de gauche, les véhicules de moins de 3,5 tonnes sont davantage montrés du doigt dans une période où l’activité faiblarde en volumes accentue la guerre des prix de transport. Ils matérialisent de nouvelles capacités de charge utile et une souplesse d’exécution. Ils cristallisent aussi les maux du transport : une économie penchant vers le « low cost » ; une réglementation européenne qui hésite entre le laisser-faire et le surcroît de contraintes ; des chargeurs et donneurs d’ordre profitant de la moindre aubaine pour faire jouer la concurrence. L’addition des risques est suffisante pour créer un mal-être parmi les transporteurs, lourds et légers. Si, de plus, ces véhicules sont en surcharge, immatriculés à l’étranger et conduits par des personnes non francophones, la colère monte encore d’un cran. Mais ne considérer le problème que sous les seuls angles du cabotage illégal (qui met d’abord en lumière le manque de moyens de contrôle) et de la concurrence déloyale entre typologie de véhicules, industriels ou utilitaires (que soulignent des coûts d’exploitation et des fiscalités différents) serait faire manque de vigilance. Les enjeux sont plus larges. Le diable se cache dans la porosité grandissante des « frontières » entre transporteurs publics (pour compte d’autrui) et transporteurs privés (en compte propre), entre les professionnels inscrits au registre des transports et des « particuliers » non gênés par le caractère infractionniste de leur nouvelle activité, entre les opérateurs classiques du BtoB et les réseaux émergents issus du e-commerce et du BtoC. Les pouvoirs publics, tétanisés par la courbe montante du chômage, hésitent à y regarder de trop près. Hélas, le secrétaire d’État en charge des Transports, Alain Vidalies, confirmé à son poste lors du dernier remaniement ministériel, n’a pas fini de recevoir des courriers recommandés lui demandant de rappeler tout ce beau monde aux règles de l’accès à la profession et aux conditions de son exercice.