La liste s’allonge chaque semaine, anime l’actualité et génère des alertes. Que de rachats d’entreprises et de fonds de commerce dans le secteur du transport routier depuis le début de l’année ! Citra (02) repris par Blondel, Voiron (19) par Poupeau, TYM (68) par Dupessey, Bruno Robert (41) par Altrans, Callejo (31) par FVA Jimenez, Greenway (93) par Labatut, Pivaut (44) par Jacky Perrenot, Lombard (62) par Philippe Mayeur, Williame (59) par Ghestem, Gueppe-Clasquin (69) par Alainé… Cette énumération, non exhaustive, promet une année 2016 riche en fusions et acquisitions. Hors contexte économique général, elle appelle plusieurs commentaires, sur les profils des acteurs, leurs motivations et le cadre propice qui permet ces rapprochements. Pour certains dirigeants, la croissance externe est devenue une habitude s’appuyant sur un savoir-faire. « L’expertise de certains acteurs familiaux est désormais comparable à celle des professionnels du capital », relevait, à juste titre, un article des Échos, sur le renouveau des holdings familiaux en quête d’investissements. Mais pour d’autres patrons de PME, c’est un saut dans l’inconnu. La nouveauté est ici, dans cette prise de risque et cette volonté de voir plus loin. Ces opérations inaugurales, de plus en plus nombreuses, s’inscrivent dans des logiques de long terme, ce qui est moins visible avec les fonds de private equity. La croissance externe n’est pas l’apanage des seuls experts financiers. En 2016, au regard des opérations précitées, trois ressorts sous-tendent les rachats : acquisition de nouvelles compétences ou moyens matériels (souvent dans le cadre d’une diversification) ; implantation et expansion géographiques ; mainmise sur un fonds de commerce visé par un concurrent direct et intrusif. Le terreau fertile, enfin, est arrosé par les groupements, GIE et autres réseaux, qui fédèrent plus de 500 transporteurs. En favorisant le commerce et en mutualisant les énergies, ils agissent comme des facilitateurs et des accélérateurs de projets (citons les rachats de Beade et de Paitier par des Astriens ; celui de Labouriaux par des adhérents de France Benne). Ce mouvement est lancé, à tendance centripète, qui justifiera que derrière chaque affaire réalisée, il y a une ambition avérée et… plus ou moins divulguée.
Éditorial