Difficile de trouver plus belle caisse de résonance que le SITL, l’effervescence des stands et la présence de milliers de visiteurs professionnels, pendant trois jours, pour faire sonner des revendications et réprobations. La dernière édition, à Villepinte, du 22 au 25 mars, a servi de tribune à plusieurs prises de position, issues des rangs de l’OTRE, de l’Unostra et de la FNTR, aussi vindicatives que déterminées. Pour rappel, sont mis à l’index le dumping social et l’emploi illégal de mains-d’œuvre étrangères sur notre sol, la concurrence déloyale entre des véhicules de gabarits fort différents, les transporteurs low cost aux abords des points de chargements, les contrôles évanescents et peu dissuasifs… Le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies, de passage au SITL le 22 mars, a pu entendre de vive voix, avec une mine déconfite, la liste des doléances qui lui est désormais familière. Car, depuis quelques mois, le sentiment de laisser-faire fait l’unanimité parmi les professionnels et, pour certains, cause du mauvais sang. Dans ce contexte de ras-le-bol, il ne faut pas oublier le poids de la conjoncture, atone au premier trimestre, en termes de volume et de prix. Cette double peine rend le cabotage encore plus visible, y compris sur des trafics régionaux et locaux. Dans la pratique, le cabotage légal fait partie de plans de transport, plus ou moins confessé par les grands donneurs d’ordres européens (parmi lesquels Geodis, Gefco, XPO, FM Logistics…), dotés de moyens informatiques puissants permettant de tirer la quintessence de la réglementation du cabotage. Faut-il en arriver à la solution extrême, que réclament les transporteurs lassés de se faire « piquer » des marchés régionaux, de l’interdire, au motif que cette activité est devenue incontrôlable ? Le cabotage a fait le lit de pratiques illicites, mais institutionnalisées et inspirées du fait accompli. Voilà le drame. L’enquête diffusée en prime time sur France 2, le 22 mars, a dévoilé au grand jour ces parkings en France où la main-d’œuvre roumaine, bulgare ou moldave stationne et attend ses ordres de mission, à disposition pendant plusieurs semaines. Difficile de faire l’aveugle alors que les caméras de télé les ont repérés sans difficulté. Et pendant ce temps-là, des entreprises de transport ferment boutique…
Éditorial