Le pavillon français toujours plus à l’étroit

On peut faire mentir certains chiffres, dit-on, mais il y en a d’autres qui ne donnent aucune prise à élucubrations. La lecture des données de la dernière étude du CNR, en mars, consacrée au pavillon routier espagnol, en souligne la pleine mesure. Elle donne à voir, en miroir, l’évolution du pavillon français et de ses entreprises depuis 2007. Premier constat : entre 2007 et 2014, le volume de transport jaugé en tonne-kilomètre (t.km) traité par le pavillon français montre un net repli de 219 milliards de t.km (transports national et international cumulés) à 165 milliards (en comparaison, l’Espagne affiche 195 milliards de t.km). Second constat : dans ce total de 165 milliards de t.km, le transport intérieur représente 151 milliards (en baisse de 20 % depuis 2007) et l’international quelque 14 milliards (divisé par deux !). Outre le fait que ce genre d’étude est précieux, l’analyse pointe plusieurs vérités, qu’il est utile de rappeler pour la défense du pavillon français, dont l’avenir dépend autant de la santé de l’économie que du bon vouloir politique de nos gouvernements. Les tendances constatées par le CNR, sur près de 10 ans, indiquent sans appel un net repli de l’activité mesurée en t.km. Elles permettent de mieux comprendre le trouble des transporteurs, tous chefs d’entreprises. Le désarroi des uns fait face aux projets d’investissements des autres. Pour les premiers, c’est la preuve que les véhicules français avec conducteur français ont à jamais disparu des lignes à « l’inter », ayant cédé la place à d’autres pavillons, la Pologne et l’Espagne en tête. Cet abandon, chaque année plus évident, se répercute sur le transport intérieur ouvert au cabotage, avec les pertes de parts de marché et bagarres de prix que l’on sait. Il ne faut pas chercher ailleurs l’humus des mécontentements actuels, qui explique les envies de mouvements et de mobilisations de l’OTRE. Pour les seconds, cette « part du gâteau » en diminution appelle deux réponses : productivité accrue, à force de reportings et de coûts surveillés, et diversification des revenus, parfois hors transport. Ces entreprises qui s’imposent cette double cure, avec l’espoir de sortir de l’ornière, sont-elles majoritaires ? Pas sûr… Raison de plus pour ne pas les pousser à rejoindre le cortège des frondeurs.

Éditorial

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15