Double peine dans le transport de carburants

On l’a compris en suivant, depuis le 17 mai, l’évolution des grèves dans les raffineries et les blocus de multiples sites pétroliers : le gouvernement Valls a choisi le bras de fer musclé avec la CGT et fait le pari de la division syndicale. Stratégie à hauts risques, avec le choix de prendre l’opinion publique à témoin. Car, en attendant de contempler le résultat de cette tectonique des plaques syndicales, les dégâts commencent à se chiffrer dans le transport d’hydrocarbures, avec des effets en deux temps : à court terme, dans le compte d’exploitation, et à l’horizon, lors du bilan annuel. Dans l’immédiat, entre les dépôts bloqués et les stations fermées, le planning des tournées tourne au cauchemar pour les transporteurs de carburants en citerne (ce qui justifie l’arrêté inattendu du 25 mai permettant provisoirement de déroger aux règles des temps de conduite et de repos). Les rendements, au chargement comme à la livraison, sont en chute libre. Les camions citernes vont chercher le produit loin de leurs bases habituelles, générant des kilomètres en plus et parfois à vide (quand l’annulation de la commande arrive en cours de voyage). Le nombre de tours par jour, dans les zones très touchées (le grand Ouest, le Nord et la région parisienne), a été fortement impacté. De plus, les temps d’attente aux dépôts ont explosé. C’est la double peine : pertes de chiffre d’affaires à la journée et coûts d’exploitation en hausse, liés en particulier aux heures supplémentaires (plusieurs heures par jour) des conducteurs pris dans le tourbillon. Qui va payer pour ces heures d’attente ? Les négociations avec les clients pétroliers risquent d’avoir la saveur épicée des discussions de marchands de tapis. Et facturer ces temps morts ne suffira pas à se les faire payer ! En aval, la distribution, dans les stations-service ou sur sites privés, relève du même casse-tête. Tous ces déboires laisseront des traces, à plus long terme, bien après que les raffineries auront rouvert leurs vannes. Au plan humain, la gestion post-blocus des conducteurs s’annonce très délicate du fait de l’inflation des amplitudes de travail. Au plan financier, l’ardoise sera salée. Remonte en mémoire le souvenir d’octobre 2010, quand la loi sur les retraites avait causé des blocages dans les mêmes raffineries. Si les transporteurs s’en souviennent encore, les bilans d’alors en gardent aussi les stigmates.

Éditorial

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