Le 20 juin prochain, le groupement Astre va démarrer une 4e plateforme Palet System, hébergée par les Transports Béade, pour irriguer tout le Sud-Ouest. Cette actualité, qui souligne un plan de charge voulu par les Astriens, est une preuve de plus de l’action centrifuge des groupements et de leur énergie. Astre, FLO, Evolutrans, Tred Union, France Benne, France-Plateaux… Ces derniers occupent une place de plus en plus puissante dans le paysage du transport en France. Ils sont autant d’enseignes nées, dans les années 1990 et 2000, par la volonté de chefs d’entreprises ayant choisi de sortir de l’isolement et de partager leurs expériences. Les valeurs humaines et l’esprit collectif ont permis de dépasser les intérêts particuliers au profit de l’intérêt commun (servir avant de penser à se servir !). C’est ce qui explique que, malgré leur diversité et un historique propre à chacun, les groupements affichent maints points communs : des statuts de coopérative ou de SAS ; des salariés qui font tourner la machine ; des fournisseurs référencés ; des réunions régulières (y compris pour les exploitants) ; des périodes probatoires pour les futurs adhérents… Ces modes opératoires renforcent, au jour le jour, le sentiment d’appartenance et le savoir-vivre ensemble d’entreprises de tailles plus ou moins voisines. Au final, les groupements et leurs réseaux agissent comme des pôles fédérateurs, catalyseurs d’ambitions, acteurs économiques et moteurs opérationnels (à l’échelle de l’Europe, c’est une spécificité française). Mais les succès du passé ne tracent pas, en toute sécurité, les voies du futur. Les groupements, en conscience ou non, doivent avoir réponse à cinq questions : faut-il toujours élargir ou plutôt approfondir les liens entre soi ? Comment maîtriser le poids du groupement dans l’entreprise adhérente et dans la valeur de son fonds de commerce ? Comment faire une place aux jeunes générations dont les avis ou ambitions commerciales peuvent troubler les pères fondateurs ? Par quels moyens gérer la sortie d’un adhérent (défaillance, cession…) ou les visées expansionnistes d’un autre ? Quelle gouvernance structurer qui légitime toute décision, fixe le cap et donne l’impulsion ? Ce sont les cinq déterminants d’une ambition collective assumée. Non traités, ils représentent un risque de grain de sable dans une mécanique qui, pour chaque rouage supplémentaire, demande plus de précision.
Éditorial