Une douteuse pénurie de conducteurs

Quand certaines remontées de terrain, entendues ici ou là dans quelque assemblée de transporteurs, font référence à une pénurie de conducteurs routiers, il y a lieu de prendre cette information avec hauteur. Les difficultés de recrutement évoquées visent toutes les filières. Selon les mêmes dires, si l’activité économique et les volumes devaient repartir à la hausse, le souci se poserait avec encore plus d’acuité. Or, ce constat venant du terrain est d’autant plus troublant que les indicateurs de tension sur l’emploi routier ne montrent pas, de façon significative, une pénurie de conducteurs en France. Selon l’Observatoire prospectif des métiers et qualifications dans les transports et la logistique (OPTL), l’emploi salarié a augmenté en 2015 dans le transport de fret. En 2014, la branche des transports routiers et des activités auxiliaires avait même créé 4 900 emplois salariés, soit trois fois plus qu’en 2013. Faut-il voir dans les difficultés actuelles de recrutement un phénomène conjoncturel plus que structurel ? Dans son rapport d’activité, l’OPCA nuance. Il souligne que la conjoncture économique difficile depuis 2008 a « fortement limité la capacité des entreprises à anticiper les recrutements ». Une gêne que, mezza voce, nombre de patrons confirment en parlant de difficultés à trouver des… « bons chauffeurs ». Si la définition d’un « bon chauffeur » laisse libre cours à maintes appréciations, il faut l’entendre moins comme un jugement de valeur que comme l’expression d’une inquiétude. Au fond, c’est le manque d’attractivité du métier de la route qui est mis en lumière. Cette faiblesse à attirer les meilleurs candidats à l’emploi doit interpeller les organisations professionnelles, syndicales et les organismes de formation. Chacun le sait : une partie de l’attractivité d’une branche ou d’un métier est liée aux niveaux de rémunération qu’ils offrent. Or, en France, si le coût du conducteur est le plus élevé d’Europe, son salaire (hors frais de route) stagne, voire recule en raison du calcul des heures sup’. Dans un contexte de grande concurrence, aussi vive à l’international qu’au plan national, c’est le handicap ultime. Et ce n’est pas le fait que les conducteurs français produisent moins d’heures que leurs homologues européens (environ 1 540 heures de conduite par par an, contre plus de 1 900 heures en Belgique, Espagne, Pologne…) qui rendra le métier plus attractif. Là aussi, il y a une courbe à inverser.

Éditorial

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