Comment interpréter la croissance de 8 % des créations d’entreprises, annoncée par l’Insee au début août, et décoder l’émergence de ces 293 552 nouvelles structures recensées au premier semestre, à un niveau inconnu depuis 2010 ? Faut-il déceler dans cette courbe à la hausse (intégrant les sociétés, les entreprises individuelles et auto-entrepreneurs) un signe d’optimisme, incarné par des primo-entrepreneurs dont l’âge moyen est de 38 ans ? Il est d’autant plus utile d’y porter attention que le secteur des transports (tous modes confondus) apparaît, eh oui, comme le premier contributeur de cette évolution. C’est notable en particulier dans la catégorie des auto-entrepreneurs, le secteur des transports étant le plus actif (+38 % sur 12 mois) devant ceux de l’immobilier (+17 %) et de la santé (+15 %), un fait déjà souligné en juillet par l’agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss) et la caisse nationale des Urssaf. C’est ici que se nichent les chauffeurs VTC et autres livreurs de repas à domicile, dénombrés par milliers, et dont les situations juridiques ont animé l’actualité politique. Dans le transport de marchandises, la courbe suit la même ascension. Selon Ellisphere, les chiffres du premier trimestre 2016 ont atteint un niveau de 3 521 unités dans le TRM (22 % au statut de société et 77 % au format d’entreprise individuelle). Une ampleur inédite alors que le rythme habituel par an avoisine les 7 000 créations d’entreprises ! Parmi les 3 521 nouvelles structures, 71 % sont identifiées dans le transport léger, urbain et interurbain. Il est vrai que cette catégorie de professionnels, atomisée et appelée à se normaliser, est de plus en plus visible sur les routes. Faut-il rappeler que, depuis 2012, le transport léger (véhicules de moins de 3,5 tonnes) est soumis à conditions de capacité financière et capacité professionnelle. En 2016, l’émergence de nouvelles raisons sociales se voit, également, à la périphérie des transports, à l’exemple des services informatiques et principes collaboratifs. Combien de start-up, qui bousculent les habitudes du TRM, développent des solutions cloud, plateformes logistiques en ligne et pilotage de flux, connectant chargeurs et transporteurs. La digitalisation de la chaîne de transport en temps réel, liée aux données GPS des smartphones et dopée aux algorithmes, n’a pas fini de régénérer le vivier des entrepreneurs. Les « jeunes pousses » sont un indicateur des pratiques et modèles de demain.
Éditorial