Ce n’est pas une bonne nouvelle pour tous les promoteurs zélés de la hausse de la TICPE et les architectes de la loi de Finances 2017. Il y a fort à craindre que les cours du pétrole repartent durablement à la hausse. Les informations en provenance de l’OPEP et de la Russie indiquent une entente sur les plafonds de production en vue de gérer la pénurie et de faire remonter le prix du baril durablement au-dessus des 50 dollars, avec déjà une perspective à 70 dollars. Cette inversion de la courbe du prix du baril, tombé à moins de 30 dollars en 2015, représente donc un gros caillou dans la chaussure des porte-voix d’une hausse de la fiscalité des carburants. Rappelons que selon le projet de loi de Finances 2017, la hausse du prix du gazole avoisinera 1,60 centime par litre. Une majoration de la TICPE d’autant plus mal vécue qu’elle pénalise immédiatement le pavillon routier français qui achète son gazole en France (en station ou en vrac) alors que les camions en transit, qui cabotent au passage, ont pris l’habitude de faire leurs pleins de 1 000 litres hors des frontières hexagonales. Que l’inflation de la TICPE soit fléchée vers le renflouement de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) a ajouté à l’incompréhension. Que la FNTR, TLF, l’Unostra et l’OTRE soient montés au créneau pour s’opposer à toute fiscalité supplémentaire représentent le minimum syndical. Il faut voir ce qui va sortir de cette montée de colère, plus verbale que décisive. Le sujet des carburants est, par nature, toujours inflammable. Au dire de la majorité des entreprises, TPE et PME, une hausse de la TICPE doublée d’une hausse du prix du carburant les rapprochera de la zone rouge. Les derniers bilans financiers (que nous analysons en vue de notre Classement des 1 000 à paraître fin novembre) soulignent à quel point le CICE et le prix du gazole en 2015 ont seuls rendu les bas de bilan plus propres. Les équilibres sont précaires. Pour une entreprise de transport qui doit soigner en permanence sa trésorerie, ses besoins de fonds de roulement et la hauteur de ses capitaux propres, 1 % ou 2 % de marge, ce n’est pas du luxe. Il offre tout juste la possibilité de continuer à travailler et faire vivre ses salariés. Avec une prévision de croissance de 1,5 % en 2017, déjà jugée optimiste au vu de la mollesse de l’activité, chaque paramètre fiscal retouché à la hausse donne des maux de tête.
Éditorial